Mal-être au travail, pourquoi chacun peut être concerné

Christophe Dejours, psychiatre, spécialiste en psychodynamique du travail met en avant la place donnée par chacun au travail, place qui dépasse de loin le simple fait de ramener un salaire :
le travail est bien plus qu’une simple chose à faire ; il est une matérialisation du self, un objet sur lequel se projettent nos idéaux, notre savoir-faire et nos convictions les plus profondes. Le travail est aussi éminemment relationnel. Créateur de lien social, il ne vaut que parce qu’il est validé par autrui, ce qui fait que notre rapport au travail est toujours triangulé par un tiers.

Chacun attend de son implication plus qu’un salaire : être reconnu, subjectivé, entouré et intégré à une aventure commune qui donne un sens à l’action. En clinique du travail on montre que c’est souvent sur ces aspects que s’actualisent les conflits et le mal-être professionnels.

Dans l’entreprise privée mais aussi dans les services publics l’organisation du travail est basée sur l’individualisation des performances avec l’instauration de méthodes d’évaluation construites sur des systèmes de notation, de récompense et de sanctions; qui n’est pas sans rappeler le fonctionnement de l’école et donc raviver tous les traumatismes que chacun a pu y vivre.

Compétitivité et performance tissent la toile de fond de nouvelles pratiques de gestion se heurtant parfois aux valeurs de coopération et d’émulation.
Parfois s’y rajoutent des managers qui ne sont pas issus du terrain mais des grandes écoles ce qui vient accentuer le clivage entre hiérarchie et collaborateurs. Se mettent alors en place des logiques de confrontation qui nuisent au partage d’expérience : les managers souffrent d’un manque de légitimité et les collaborateurs d’un manque de reconnaissance.